Démarche Artistique/Creative Approach

La technique

Ma démarche consiste dans un premier temps à jeter littéralement sur la toile des couleurs, sans organisation spatiale prédéterminée. Je me laisse porter par ces couleurs , qui en appellent d'autres, puis d'autres encore. J'utilise souvent de grosses brosses. Je recouvre la toile de plusieurs couches se chevauchant, se superposant les unes les autres. Certaines sont très épaisses, d'autres plutôt fluides, faisant apparaitre des coulures et des transparences. J'utilise  des pigments et du liant acrylique, ce qui me permet de jouer avec l'épaisseur et la consistance de la matière. Je gratte la toile, je raye la toile avec des outils tels qu'un couteau, un morceau de bois biseauté, ou le manche de mon pinceau. Je retourne la toile dans tous les sens.  J'ai une gestuelle très spontanée, ample et énergique, que je pourrai qualifier d'explosive et d'instinctive. 

Arrive alors un deuxième temps, celui de l'harmonisation de ces amas éparses de couleurs grâce au travail de la ligne. Au milieu de ce chaos coloré, elle vient composer pour donner du sens. Je me laisse porter par cette ligne, parfois ciselante, plutôt fine et parfois épaisse, souvent noire, grise ou blanche. Je me laisse guider et entrainer vers les espaces qu'elle me montre, qu'elle met en lumière. Cette ligne est souvent courbe, arrondie. 

C'est la recherche de cet équilibre qui me stimule et qui me permet d'exprimer des thèmes qui me sont propres. Je projette beaucoup de mon intimité et de mon essence intrinsèque. Le sujet du tableau apparait alors par lui même. Si je veux développer un thème ou une idée précis avant même d'aborder la toile, je me laisse porter émotionnellement par ce que je souhaite exprimer, et je suis la même démarche que celle que je viens de décrire. Je cherche aussi continuellement la limite entre l'abstraction et la figuration.

Les thèmes abordés

Grace à cette façon de procéder, c'est-à-dire en accentuant le côté gestuel comme point de départ de la démarche, et non le côté thématique, un certain nombre de thèmes émergent de façon récurrente. Ils font partie de mon identité et de mes questionnements. Il s'agit du corps humain, des sentiments humains et du monde vivant naturel.

Le corps humain: je m'attache aux différentes parties du corps humain, notamment la tête, le torse, les pieds, les mains, les yeux. J'aime l'idée du corps en mouvement, du corps contorsionné et paradoxalement aussi celle extrême du corps lacéré et morcelé.

Les sentiments humains: j'exprime souvent à travers ces parties du corps des sentiments assez tourmentés, ceux de la révolte, du cri, de la frustration, de l'angoisse, de la séparation, de la mise en danger, et du dépassement de ses limites.

Le monde naturel: il s'agit souvent du monde minéral, organique, microscopique, souterrain. Ils font référence au jaillissement de la vie, au temps qui passe, à la structure interne de l'être et de la matière, à la plénitude. J'établis une sorte de parallèle entre le corps humain et le monde naturel.

Les lignes sont comme un réseau. Chercher son chemin pour l'homme est comme le fleuve qui cherche la mer à travers ses méandres. La ligne courbe est aussi une référence au premier dessin d'enfant qui représente obstinément des formes arrondies. Elles peuvent être interprétées comme le souvenir de sa vie d'embryon et feraient référence à ce temps où il n'était encore lui même que quelques cellules en train de se diviser. Concernant le minéral, j'aime l'idée du volcan qui dort et qui jaillit finalement plein de fougue après un temps infini de calme. J'y vois une correspondance entre le coeur de la terre et le fond de l'âme.

Cette ligne qui vient unifier les tâches éparses de couleur permet finalement de façon symbolique de rassembler les morceaux déchirés de la vie. 

Les références

Parmi les mouvements artistiques et les peintres qui ont déclenché ma volonté de peindre je citerai: l'expressionnisme, le fauvisme, l'art africain, Miro, Klee, Kandinsky, Matisse, Cézanne, Giacometti, de Kooning, de Stael, Rembrandt, Basquiat, Baselitz, Rothko.

 

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Technique

At the beginning I throw colors on the canvas in an uncalculated manner, without any consideration for spatial scheme. I let the colors lead me to other colors, and over again. I often use large paintbrushes. I cover the canvas with multiple layers of paints and colors, that overlap and superimpose each other's. Some layers are very thick, others are more fluid that reveal drips and transparencies. I use pigments and acrylic binder that allow me to compose with the thickness and the consistence of the substance. I scratch and stripe the paint with tools such as knives, canted wooden sticks, or the tip of the paintbrush handle. I turn the canvas to all different directions. My gesture is spontaneous, ample and energetic, that I could qualify as explosive and instinctive.

Later, in a second phase comes the harmonization of the scattered piles of colors through the working of the line. In a chaos of colors, the line reveals the meaning of the composition. I let myself be carried out by the line, sometimes chiseling, rather sharp or dense, often black, grey or white. I let the line guide me and draw me to spaces it stresses and highlights. The line is often curve or round.

The quest for such equilibrium stimulates me and allows me to express personal themes. I project much my intimacy and my intrinsic marrow in the composition. The subject of the painting then appears by itself.  If I want to develop a theme or a specific idea before approaching the canvas, I let my expression wishes transport me emotionally and I follow the same approach described above. In addition I continuously seek the limits between abstractness and figurativeness.

Themes

Under my approach I accentuate the gesture as the starting point of my approach as opposed to a theme. However, a number of recurring themes then emerge. They belong to my identity and my questioning. They deal with the human body, feelings and natural living world.

Human body: I am interested in the different parts of human body, including head, torso, feet, hands, and eyes. I like the idea of human body in motion, contorted and paradoxically the extreme thoughts of lacerated and gashed.

Feelings: with these body parts I often express certain tormented feelings, including those of rebellion, scream, frustration, fear, separation anxiety, endangerment, and transcendence.

Natural life world: it often deals with mineral, organic, microscopic or underground worlds. They refer to life gushing, time decay, internal structure of being and matter, fulfillment. I draw a parallel between human body and natural life world.

Lines act like a network. A man searching for his path is like a river seeking the see with its windings. The sinuous course is also referring to the first drawing of a child, stubbornly attached to curves. They may be interpretated as the memories of the embryo life that was defined itself by the dividing of cells. When dealing with mineral life, I like the idea of a volcano that once sleeps for an everlasting time, and ultimately spits with fierceness. I see a correspondence between the core of earth and the very soul. Symbolically, the line that unites the scattered colored spots allows the disparate life elements to stitch back together.

References

Within the art movements and artists that triggered my desire to paint I would quote: expressionism, fauvism, African art, Miro, Klee, Kandinsky, Matisse, Cézanne, Giacometti, de Kooning, de Stael, Rembrandt, Basquiat, Baselitz, Rothko.